1. |
Maquillage
04:10
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brille
blanc
plisse les yeux
l’hiver sur le granit est lumineux
hiver et granit et lumineux
roses
ronds petits ajouts
comme le vent de mer te fouette les joues
et rose et le vent et tes deux joues
Maria
ma Maria
et tes joues sont amaigries
doucement ton maquillage
coule sur le sable gris
noir et noir
ce noir si dense
avais-tu peur que tes larmes fussent transparentes ?
vaguelettes
petits rouleaux
regarde trembloter ce grand tableau
regarde et tremblote et grand tableau
songe
vague
aux toiles blanches
plus haut y-a-t-il un peintre du dimanche ?
et peintre et plus-haut et du dimanche
Maria
ma Maria
et tes joues sont amaigries
doucement ton maquillage
coule sur le sable gris
et ce noir
les crabes en masse
viennent danser dans les flaques de ton mascara
brille
flou
plisse les yeux
voilà ce qu’aujourd’hui je fais de mieux
et brille aujourd’hui et fais de mieux
coulent
coulent
petits yeux bruns
envoient des pointillés dans les embruns
et des pointillés dans les embruns
Maria
ma Maria
et tes joues sont amaigries
doucement ton maquillage
coule sur le sable gris
noir et noir
ce noir si dense
avais-tu peur que tes larmes fussent transparentes ?
Maria
ma Maria
Maria
ma Maria…
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2. |
Dernière douceur
03:32
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qui sait le trou que me cache
ton petit front soucieux ?
des plis autrement plus lâches
le sculpteraient tellement mieux
mettons que tu te prélasses
comme le plus souple des pantins
dans mon grand bain de mélasse
et ses glouglous tout enfantins
laisse-moi t’ouvrir un peu
le large lit de ma baignoire
viens barboter un peu
dans le sucre et dans le noir
et si ton dos et tes hanches
restent raides au début
tu couleras ton doux dimanche
une fois le bouillon bu
c’est dans ce sombre mélange
si diablement onctueux
que je te présenterai les anges
d’un geste sec et majestueux
laisse-moi t’ouvrir un peu
le large lit de ma baignoire
viens barboter un peu
dans le sucre et dans le noir
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3. |
Le contorsionniste
03:31
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bye, bye, on quitte la foule
on grimpe la butte on chante pour soi
et vient le soir et voilà que l’on aperçoit
comme déposé au sommet, un jeune homme en boule
recroquevillé presque inhumainement
la bouche plantée dans le fondement
et l’homme voudrait parler
on le sent qui s’époumone en sa posture
il semble bien regorger de littérature
mais rien de ce qu’il dit n’a l’air d’être articulé
est-ce une prière ?
est-ce que tu fais ta prière, là ?
est-ce une soufflante
que tu te passes, là ?
comme on a voulu l’air libre !
on a rêvé les bourrasques et les parfums
on a grimpé la butte à cette fin
et toi tu restes là en boule et en équilibre
quel est donc ce vent que tu sembles chercher
dans ton orifice le mieux caché ?
est-ce une prière ?
est-ce que tu fais ta prière, là ?
est-ce une soufflante
que tu te passes, là ?
en bas cette foule qui passe
toute animée de réflexes et de fortunes
on l’aperçoit, qui ravale les quelques-unes
des têtes qui, de temps en temps, en dépassent
juste un coup de pouce, et si tu dévalais
vers ce grumeleux et bruyant ballet ?
est-ce une prière ?
est-ce que tu fais ta prière, là ?
est-ce une soufflante
que tu te passes, là ?
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4. |
La conque
04:33
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on avait dûment fouillé
brassé tout le plastique
tous les crânes et tout l’acier
des décharges publiques
pour la trouver enfin
et enfin on la trouva
sous un amas de briques
enveloppée d’un canevas
de vieux fils électriques
on allait enfin écouter la conque
mais dans la conque, le seul écho
qu’il y avait, avait trois temps
interminable un poco
adagio toujours battant
il devait souffler pourtant
du coquillage antique
l’hymne sourd de tous les temps
les sons du jurassique
on espérait bêtement
bêtement, on espérait
de lumineux cantiques
un choral de grands secrets
de confidences cosmiques
chacun avait l’oreille avide et rouge
mais dans la conque, le seul écho
qu’on ait eu avait trois temps
interminable un poco
adagio toujours battant
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5. |
Dans la plaine
05:43
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passerelle
en pente douce et naturelle
on glisse jusqu’en ce lieu embué de fables
de noms perdus
ce lieu qu’à voix basse on surnomme la plaine
pauvres bêtes
sûres de nos deux souples gambettes
foulons le sourire aux lèvres cette lande de mousse
sans roche, sans bruit
et sans autre source d’inquiétude que nos bouches
d’où sortent mille veines
à chaque pas dans la plaine
qui fusent, vrillent et se disloquent en mots
et nos belles joues
éclatent en folles cantilènes
mille drames s’écrivent sous la moindre moue de rien
chanterelles
et nombres d’absurdes querelles
nous voilà crument défaits, à peine deux âmes
sans monde, sans cou
sans rien qui nous tienne debout et fermes
bientôt
la douce bise des plateaux
va nous disperser dans l’air
fuyantes palabres et noms perdus
et restants de fables qui hanteront les autres
mille veines
à chaque pas dans la plaine
fusent, vrillent et se disloquent en pauvres syllabes
nos belles joues
éclatent en folles cantilènes
quelle farce croupissait jusqu’à ce dernier souffle ?
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Goël Paris, France
Auteur, compositeur et arrangeur, Goël distille depuis 2013 sa pop française teintée de folk : une écriture singulière servie par des orchestrations acoustiques soignées.
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